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Le début d’une boîte à outils.
Texte d’introduction à l’occasion d’une rencontre avec les directeurs de musique en Tarentaise. Projet Tiersot.
Copyright : ©Évelyne Girardon

Dans le paysage actuel des « nouvelles musiques traditionnelles », parmi des tendances esthétiques très diverses, une direction particulière privilégie le respect, voire le développement, des couleurs mélodiques rencontrées chez les anciens interprètes.
Cette démarche, qui implique de tourner le dos au prêt-à-porter musical actuel, s’attache au matériau mélodique, aux échelles et aux intervalles, éléments essentiels de ces riches climats musicaux. Afin de prendre conscience de cette richesse, après une présentation et une connaissance des sources, il faut s’engager dans des pistes d’analyse mélodique, qui permettent de définir un grand nombre de formes au moyen de la connaissance préalable des modes qui perdurent dans les répertoires de la tradition orale. Ils exposent de nombreux univers mélodiques à explorer pour des musiciens d’aujourd’hui.

Un chemin serait de poser les bases d’une pratique véritablement modale du répertoire traditionnel, (pour celui qui est concerné) en passant de la connaissance d’un corpus de mélodies à l’invention d’une musique modale à partir de ce corpus.
Discerner et respecter ce qui en fonde la particularité, à partir de quoi la création peut se développer.

Quelques pistes de travail :
• L’utilisation d’une large palette de couleurs musicales fortes et variées, par le retour à une pratique de la musique en dehors du tempérament égal. Découlant de ce qui précède, un affinement de la perception et de la maîtrise des climats et des effets de ces modes sur l’auditeur, le musicien et le chanteur. Étude des échelles mobiles au service du texte.
• La possibilité de formes musicales longues, prise en compte du développement dans un temps « successif » au rythme des narrations chantées.
• Le développement d’une pratique de l’improvisation restant en cohérence avec les caractéristiques des répertoires traditionnels (improvisation en rythme libre en respectant le climat d’une mélodie ; improvisation sur des bases rythmiques par rapport à un type de danse, ornementation).
• Le développement du chant : maîtriser la justesse dans les modes ; devenir capable de cantiller – chanter ou déclamer un texte en improvisant dans un mode donné ou à partir de formules mélodiques traditionnelles, varier les échelles.
• La création de formules instrumentales adaptées à cette musique : (création, adaptation ou adoption d’instruments compatibles avec la modalité).

Les répertoires de la tradition orale constituent une source d’exploration, d’exercices musicaux intéressants et formateurs, même pour un musicien qui ne souhaite pas forcément inscrire sa musique dans une démarche strictement modale.

Le projet pédagogique :

L’oreille et la voix ensemble.
• Chanter un bourdon (son collectif)
• Écouter, entendre les sons harmoniques qui se dégagent
• Chanter les sons harmoniques entendus
La fonction du bourdon est définie et vécue.

Analyse musicale.
• Constitutions des échelles à partir des sons harmoniques (savoir chanter sur un bourdon, comprendre sa fusion à une mélodie)
• Apprendre et reconnaître les différents modes sur ce bourdon.
• Émancipation de l’oreille (jeux vocaux)
• Apprendre oralement une pièce du répertoire, repérer dans la ligne mélodique où se situe le son harmonique le plus récurent.
Le travail de l’oreille s’applique sur deux éléments : la base du bourdon, la ligne mélodique.

Analyse vocale.
• Poser sa voix pour mieux faire entendre les sons harmoniques.
• Conséquence de cette pose de voix : facilité d’expression de l’ornementation (caractéristiques incontournables de nos répertoires).
• Écoute de collectage à l’aune de cette préparation de notre oreille (affiner l’oreille pour mieux comprendre et entendre les documents de terrain).
Approche de l’idée d’un « style », conçu comme un ensemble de codes qui peuvent être celui d’un seul interprète : vocaux, musicaux, narratifs, fonctionnels.

L’interprétation.
• Appropriation d’une pièce du répertoire
• Reconnaissance de sa résonance dans notre « intérieur »
Reconnaître les caractéristiques à ne pas effacer, tout en les faisant nôtre.

Le rapport aux sources est essentiel : nous avons à disposition beaucoup d’exemples audios de collectages. Leur écoute est essentielle.

Quelques éléments qui fondent les spécificités de la pédagogie de l’enseignement des musiques traditionnelles :

• Auralité (oreille) – oralité ( bouche-parole) : solmiser (hauteur relative) et non solfier (hauteur réelle).
• Échelles non tempérées, Modalité (oreille, mémoire, analyse), Mobilité des échelles.
• Approche sensorielle (les vibrations du corps, le souffle, le corps, la danse.)
• Pratique collective (diversité de mises en jeu)
• Approche des contextes sociétaux et culturels
• Approche de la notion de variabilité inérante aux répertoires traditionnels.
• Approche des codes narratifs (le chant)

Traits relatifs à l’histoire de la musique en général :
• Comment est née la notation
• Les traces historiques de la constitution des échelles
• L’histoire et la place de la modalité dans les autres formes musicales
• L’histoire de la musique en général et la trace laissée par les musiques traditionnelles dans la constitution des musiques savantes.
• Comment les musiques traditionnelles ont intégré les avancées de la musique tonale, en filigrane, et quelquefois de façon effrontée.
• L’histoire des grandes collectes.

Évelyne Girardon

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