La Sorbonne - École d’hiver - 4/02/2020

« Musique – Médiation et interprétation » – Paris du lundi 3 au vendredi 7 février 2020.
Dans la continuité des précédentes éditions (Paris-Royaumont, 2017, Lausanne, 2018, Montréal-Orford, 2019), l’EHIMM 2020 (Ecole d’Hiver Internationale en Médiation de la Musique) est le fruit de la collaboration internationale de plusieurs universités, écoles, laboratoires et partenaires professionnels et qui a réuni pour la quatrième fois des étudiant·e·s, enseignant·e·s, enseignant·e·s-chercheur·e·s et professionnel·le·s de la musique autour des questions de médiation. Elle alimente d’un point de vue professionnel et scientifique les programmes d’études supérieures en médiation de la musique d’Europe (France, Suisse) et d’Amérique du Nord (Canada) en favorisant les échanges et activités conjointes de tous les participant·e·s.

Résumé
« Interpréter les chansons françaises de la tradition orale » – Évelyne Girardon

Médiation

Parler de « médiation », pour ce qui concerne le champ des musiques traditionnelles, ressemble plus à l’expression d’une évidence qu’à un sujet de débat : ces répertoires par le passé, ont ils rempli des fonctions de « médiation » ? Par exemple : chanter pour conduire les boeufs lors des labours, faire danser, raconter, bercer, célébrer les rituels (religieux ou non), partager de ce fait une culture, une langue.
Chaque personne de la communauté (paysanne ou pré-ouvrière) tient (ou pas) une fonction musicale définie par ses capacités propres et son rôle dans la communauté. Peut on dire que chacun, dans sa fonction, remplit celle de « médiateur » ? Sûrement, c’est une fonction qui va de soit, il n’est pas utile d’en parler.

Aujourd’hui, nous sommes à une époque où toutes les formes de présentation des musiques ont tendance à se ressembler, on fait dans le monde des musiques traditionnelles comme dans les autres esthétiques musicales, à savoir : des concerts, des bals, et de l’enseignement (aussi des colloques séminaires … )
Ce qui a le plus de succès, ce sont les bals, c’est une fonction qui perdure, aussi l’enseignement des instruments et des répertoires chantés, majoritairement dans le cadre de stages (avec un état d’esprit très proche de celui de l’éducation populaire.).
Depuis Jack Lang, et Maurice Fleuret, les musiques traditionnelles en France sont entrées dans les conservatoires et les écoles de musiques, de ce fait, beaucoup de choses ont changé : les « médiateurs » diplômés sont désormais bien formés, adaptés aux « façons » de l’institution musicale dans laquelle ils oeuvrent, comme les autres professeurs diplômés dans les autres esthétiques.
Ils inventent de nouvelles formes pour les musiques traditionnelles, tentent d’intégrer les systèmes d’apprentissage conformes aux examens et diplômes normés et métissent leurs caractéristiques et répertoires avec celles des autres esthétiques musicales.

Une démarche particulière pour ce qui concerne les contenus spécifiques des musiques traditionnelles se niche dans la recherche des « sources » par le biais de ce qu’on appelle « le collectage », les enquêtes de terrain.

La Sorbonne
Ancienne entrée de La Sorbonne

Médiation – Transmission ?
Plusieurs rôles de médiation se superposent dans la démarche de collecte : celui du témoin qui livre son répertoire et son « art vocal », celui du chercheur collecteur qui reçoit, (autrefois il notait, puis l’enregistrement a prévalu). Ensuite celui qui a reçu le répertoire va devoir « passer » ce qu’il a recueilli —-: voilà le verbe important, « passer ». Il transmet avec son filtre, son état d’esprit, son système de pensées, qui n’est pas celui de la personne qui lui a livré son savoir.
À lui ensuite de faire le pont entre ce qui a appartenu à une autre civilisation, ce qu’il en a retenu, ce qu’il a choisi, et ce qu’attendent, qu’espèrent les passionnés d’aujourd’hui.

*****

Interprétation

Pour ce qui concerne le chant de tradition orale, la question est délicate. Il s’agit de ne pas endosser un « déguisement vocal » en imitant une fonction passée. Lorsque l’on est sur scène aujourd’hui et c’est bien naturel, on souhaite le plus possible « faire beau », en « interprétant » un répertoire choisi qui correspond à l’attente d’un public qui intègre les valeurs esthétiques d’autres styles pour apprécier ce qui est interprété. Le défi est grand car il arrive que nous soyons acculé à une justification permanente concernant les choix que nous faisons et que nous livrons sur scène.

Pour celles et ceux qui nous ont transmis les répertoires de tradition orale, il ne s’agissait pas uniquement de faire « beau », « ils faisaient ce qu’il fallait faire au bon moment » (Giovanna Marini)
Il s’agit surtout, pour les « passeurs » que nous sommes d’être « habités » par les contenus narratifs du répertoire.
Faire appel aux leviers de l’intériorité est une nécessité impérieuse.
Il y a bien sûr des caractéristiques musicales qui peuvent nous guider, encore faut il y avoir accès : la compréhension de la modalité au coeur des répertoires, l’ornementation, les phrasés particuliers, la possibilité de micros-variations … la simplicité d’expression aussi.

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