Qu'est ce que la tradition orale ?

Le sujet est épineux et répondre à la question se résume souvent à tomber dans un piège… Il en existe de multiples définitions qui restent toujours en débat.

Si vous souhaitez reprendre le contenu de cette page, voici le copyright à joindre à vos documents : ©Compagnie Beline

Choisissons celle-ci : la somme des données qu’une société juge essentielles, retient et codifie, sous forme orale afin d’en faciliter la mémorisation, et dont elle assure la diffusion aux générations présentes et à venir.

De bouches à oreilles, de fonctions en rituels, de narrations en poésie, de virgules musicales en longues monodies, la tradition orale embrasse beaucoup de savoir faire et nourrit notre imaginaire, en strates que nous choisissons de laisser réapparaître pour mieux vivre notre vie d’aujourd’hui.

Tel un dragon caché et influent, qui attend son heure pour apparaître, elle est souvent présente partout, dans des bribes de chansons venues d’on ne sait où, dans des habitudes de nos vies installées depuis toujours, dans la saveur d’une épice, dans la forme d’un objet, dans le coup de main d’un artisan.

L’oralité, l’art de ce qui se transmet par la parole, qui en est une caractéristique forte, n’est pas l’apanage des sociétés anciennes. Nous la vivons chaque jour et elle est particulièrement présente dans les musiques d’aujourd’hui. Les musiques traditionnelles s’inscrivent naturellement dans ce fonctionnement, ayant depuis longtemps élaboré des formes et des tournures en mouvement, livrant sans complexes une infinité d’émotions.

Evelyne Girardon
Texte rédigé pour L’amphi de l’Opéra de Lyon.

Sur les notions de tradition et de société traditionnelle en ethnologie, un article de Gérard Lenclud, Terrain, n° 9, pp. 110-123 :

Lire l’article : La tradition n’est plus ce qu’elle était …

Les chansons de la tradition orale.

Ces chansons, arrivées jusqu’à nous de bouches à oreilles, ressemblent aux peuples du monde qui les ont chantées, mémorisées, transmises, portées au cœur de leurs histoires, pendant des siècles.
Elles ont été polies par les empreintes de toutes les vies (rurales, urbaines, religieuses), de l’histoire (la grande et surtout la petite) et du regard que les lettrés ont porté sur elles depuis toujours.

Elles sont enracinées, non pas seulement dans un pays ou une région particulière, mais surtout dans l’existence universelle de chacun : chansons à bercer, à marcher, à tasser, à piler, à crier, à danser, à travailler, à pleurer, à raconter, à vivre tout simplement.
C’est pourquoi aujourd’hui, elles nous touchent, car elles portent en elles, en strates secrètes, les existences particulières de ceux qui nous ont précédé, héritage sensible pour nos vies d’aujourd’hui.

Construites sur des formes dont on a encore du mal à imaginer la genèse, dans un univers aux contours flous, et quelque soit l’endroit du monde d’ou on les analyse, elles explosent en formes mélodiques, rythmiques et narratives variées.

Même si leurs limites sont en question, ces chansons ont leurs spécificités, chaque culture en a dessiné une calligraphie autonome, issue d’une même souche : l’être humain, son oreille, sa voix, sa créativité et sa mémoire.

Les cultures musicales du monde nous émerveillent de leurs différences, et pourtant, nous avons sans doute plus de points communs que nous ne le pensons.
C’est pourquoi il est très facile, pour qui a de l’oreille et du cœur, de partager l’immense festin mondial des répertoires de la tradition orale.

Evelyne Girardon

Traditions orales, tradition écrites

Lucie Rault – Instruments de musique du monde/Éditions de la Martinière

Dans la plupart des grandes traditions, la musique est restée vivante par la seule mémoire et la transmission de bouche à oreille, de génération en génération. Si l’écriture avait un rôle à jouer, c’était principalement pour noter les paroles de chansons, devenues plus tard des poèmes si on ne savait plus les chanter. Quant à la musique qui soutenait ces paroles, elle n’a été notée qu’assez tardivement, non sans subir de probables simplifications donc un appauvrissement.
Le fait de porter par écriture musique, dans le but de la pérenniser, ne rend d’elle que sa carcasse. La tradition musicale ne demeure vivante, le plus souvent, que si elle est en vigueur et le fait de l’écrire, autrement dit de la figer, ressemble déjà à sa déchéance : sa dynamique se perd à travers l’écriture
La notation ne doit donc être, pour les musiques traditionnelles, qu’une forme de mémoire partielle, un essai imparfait, une sorte de concession qui reste en deçà de la réalisation du jeu musical. Parfois même, des règles musicales ont été établies après coup, dans le seul but de noter une certaine musique, selon ses caractéristiques propres … ]

Dernières nouvelles…

Beline > 5.09.22

[e] # Agenda

Trad en mai 2024
Reformation de Roulez-Fillettes ! : toutes les dates.

En savoir plus…

Encore des infos…

Graphisme © : Nicolas Castellan 2005-2008